COVID-19 : comment ces professionnels des médias et de la communication traversent la crise ?
Ils sont directrice déléguée de TV Tours, directeur de publications 37 Degrés et Infos Tours, chargée de communication au CHU de Tours... Comment ont-ils géré la crise ? Comment se passe la reprise ? Les journalistes bénévoles du Club de la Presse Centre-Val de Loire ont recueilli leurs témoignages.
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Clotilde Massari, directrice des grands évènements du groupe NRCO et directrice déléguée de TV Tours Val de Loire
Crédit Photo Jérôme Dutac NRCO Eléments légende : Clotilde Massari (à droite) et une partie de l’équipe de TV Tours Val de Loire lors de l’enregistrement de l’émission Destination Val de Loire enregistrée à Beauval le 17 juin.
Comment avez-vous géré la crise ?
La décision d'assurer la continuité de service de TV Tours-Val de Loire a été prise dès le lendemain de l'annonce du confinement, avec le soutien et l'ardente envie des journalistes de couvrir cette crise sanitaire inédite. Pour nos téléspectateurs d'abord, afin de poursuivre notre mission d'information, essentielle pendant cette période ; pour nos partenaires publics d'autre part, qui contribuent au fonctionnement de la chaîne via des contrats d'objectifs et de moyens, et qui se sont appuyés sur notre media pour relayer les informations sanitaires, économiques, sociales...
Notre rédaction a couvert l'actualité liée au Covid-19 pendant toute la durée du confinement : bilan statistique quotidien, déclinaisons locales des mesures gouvernementales, reportages sur les soignants, les avancées des équipes de recherche, les plateformes de producteurs locaux, le fonctionnement des services publics, les initiatives locales et solidaires...
Parmi les mesures prioritaires prises par la direction : La mise en place d’une nouvelle organisation du travail, avec des salariés en situation de télétravail (journalistes, techniciens, infographistes), le recours au chômage partiel (équipe commerciale, personnel de l'accueil, réalisateur…), des salariés en présentiel notamment les journalistes reporters d'images.
Nous avons réorganisé nos programmes, en maintenant un JT quotidien, en ajoutant 2 chroniques quotidiennes : « la cure de désinfox » pour lutter contre les Fake news liées au Covid et « Confi’Til’t », la tartine de bonnes nouvelles, et une hebdomadaire sur « L'Essentiel de l’éco ».
La refonte en urgence de la grille de programmes a été rendue possible par une bourse d'échanges de contenus (magazine, documentaire, émissions pédagogiques du réseau canopé) proposée par le réseau des télévisions locales.
Côté annonceurs, nous avons subi des annulations de campagnes, en lien avec l'événementiel et des reports de campagnes au 2ème semestre 2020. Le service commercial a continué à produire et à vendre des espaces publicitaires pendant la crise, essentiellement aux collectivités qui avaient besoin de communiquer auprès du grand public.
Comment se passe la reprise ?
Le maintien d'une antenne active et attractive pendant la crise a permis de développer les audiences notamment digitales, par conséquent de limiter les pertes de chiffre d'affaires. En terme d'organisation, les équipes ont fait preuve d'une capacité d'adaptation incroyable, qui se traduit maintenant par une créativité décuplée et l'envie de créer, de se réinventer.
La reprise est progressive, avec un enrichissement de notre grille jusqu'au 10 juillet, date de passage en mode été et des programmes allégés. Parmi les nouveautés : "RDV en terrain connu", présenté par Emilie Tardif, une quotidienne sur les initiatives positives, solidaires, culturelles,
TV Tours-Val de Loire s'est engagée dès le mois de mai en proposant une soirée spéciale "Tourisme" avec un 1er JT déconfiné au coeur des jardins de Villandry et une nouvelle émission #onvousattend, devenue mensuelle, vitrine des sites touristiques de la région.
Temps fort du déconfinement et acte solidaire avec la filière, une émission spéciale sur la relance touristique, #DestinationValdeLoire, a été enregistrée sous le Dôme équatorial de Beauval pour inviter nos téléspectateurs à la redécouverte du patrimoine et des activités loisirs dans notre région.
La politique a également retrouvé sa place à l'antenne. La chaîne, qui avait assuré la couverture du 1er tour des municipales et proposé une soirée électorale le 15 mars, réactive son dispositif avec un débat d'entre-deux tours "spécial Tours" le 24 juin et une soirée en plateau et duplex le 28 juin.
Parallèlement le comité directeur de la chaîne prépare sa rentrée le 31 août, avec des nouveautés et des projets à mener.
Vous venez d'intégrer le Conseil d'administration de Public Sénat. Quelle en est la signification ?
Cette nomination au C.A s'inscrit dans la stratégie de Public Sénat de partenariats avec la PQR et les télévisions locales. Ce qui a été formalisé en septembre 2019 avec le Groupe Nouvelle République. Il vise à renforcer les liens de la chaîne avec les territoires.
Depuis 2015, le groupe collaborait déjà à l’émission matinale quotidienne, afin de présenter aux téléspectateurs de Public Sénat une couverture de l'actualité avec un ancrage territorial. Convaincus de l’intérêt réciproque d’approfondir ce partenariat, notamment pour accroître la visibilité des titres de PQR à l’antenne et sur tous les autres canaux de Public Sénat, un partenariat élargi a été conclu pour la saison 2019-2020. Parmi les objectifs : offrir une présence en plateau aux journalistes des médias du groupe, notamment pour interviewer les sénateurs et les invités politiques, en fonction de l’actualité et organiser des duplex depuis la rédaction des titres et de TV Tours Val de Loire.
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Mathieu GIUA, Directeur de publications 37 Degrés et Infos Tours.
Comment as-tu géré la crise ?
D’un point de vue journalistique, on a essayé de gérer la crise au jour le jour en apportant le plus d’informations fiables à nos lecteurs. Je pense que c’était important que l’on garde notre axe de média de proximité vers qui les lecteurs peuvent se tourner et avoir confiance. Les premières semaines de confinement, on a eu beaucoup de demandes par messages, mails ou par téléphone de lecteurs s'inquiétant pour leur quotidien. On a répondu systématiquement avec les informations officielles que nous avions, même si tout ne fut pas simple avec parfois des informations qui se contredisaient plusieurs fois dans la même journée. A côté de cela, on a tenté de garder une ligne éditoriale centrée sur l’humain et les rencontres en adaptant notre méthode de travail aux outils numériques.
D’un point de vue économique, en tant que gérant des médias, j'ai dû faire face comme beaucoup de chefs d'entreprises à une baisse conséquente de notre chiffre d’affaires qui est essentiellement lié au marché publicitaire. On a travaillé notamment le contact direct avec nos annonceurs en essayant de trouver des solutions qui conviennent à tout le monde. Je crois que c’était important que la relation de confiance que l’on a avec eux soit gardée.
Et la reprise ?
Après deux mois très compliqués financièrement en mars et avril, il y a un léger rebond en mai, mais le vrai moment de vérité sera à la rentrée de septembre. Certains projets sont mis en stand-by pour le moment, mais on espère que tout repartira prochainement. D’un point de vue journalistique, je ne sais pas si on peut parler de reprise car on n’a jamais arrêté, mais cela a renforcé notre sentiment que la proximité est essentielle et c’est vers cela que nous souhaitons accentuer encore plus notre ligne éditoriale que ce soit sur 37 degrés ou sur Info Tours.
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Anne-Karen Nancey, chargée de communication au CHRU de Tours
Comment as-tu géré la crise ?
Pour la direction de la communication du CHRU, il y a eu tout au long de la crise un double enjeu :
-Envers les usagers du CHRU et le grand public tout d'abord à qui il fallait donner en temps réel, toutes les informations qui pouvaient lui être utiles concernant la manière dont ses prises en charges allaient pouvoir se poursuivre ou non au sein du CHRU. En cela, les réseaux sociaux ont été très précieux pour communiquer rapidement et bien sûr les médias locaux, avec qui nous avons travaillé quotidiennement, week-ends compris. Parfois de manière acrobatique mais à chaque fois très constructive et efficace. Dans la foulée du confinement, nous avions des messages à délivrer quasiment tous les jours (déprogrammation des interventions, interdiction des visites etc.). L’une des caractéristiques de cette crise a d’ailleurs résidé dans le « dialogue » qui s’est instauré entre le public et l’hôpital : lancer des appels aux matériel de protection, recueillir les très nombreux dons, remercier des soutiens, les sujets de communication n'ont pas manqué !
Les demandes des journalistes, locaux et nationaux étaient évidemment très nombreuses et l'un des enjeux était de communiquer en toute transparence sur tous les aspects de cette crise, sans empiéter sur le rôle de nos tutelles et sans surcharger encore davantage les médecins. C'est pourquoi, contrairement à nos habitudes, il nous a semblé indispensable d'organiser des points presse réguliers, en visio bien sûr, auxquels participaient les représentants des nombreux services mobilisés. Et quand cela a été possible, on a également convié les journalistes dans les services "de première ligne".
-Et puis en interne, il fallait absolument que les 10 000 salariés du CHRU puissent avoir accès à toutes les décisions prises, notamment quotidiennement en cellule de crise, afin de pouvoir continuer à travailler au mieux. Et ce alors que dans de nombreux secteurs, pour ne pas dire tous les secteurs de l'hôpital des réorganisations d'envergure intervenaient tous les jours. Dès le confinement, un bulletin quotidien adressé par mail a été mis en place, certaines semaines il est paru 7 jours sur 7 et une zone dédiée a été créée sur intranet. La particularité du CHRU c’est aussi d’être la figure de proue de tous les établissements sanitaires publics du département, avec qui il fallait travailler quotidiennement également, en lien avec tous les acteurs de la médecine de ville. Au total, ce sont près de 12 000 personnes que notre bulletin tenait informées chaque jour.
Comment se passe la reprise ?
Avec le déconfinement et pour encore quelques temps, les organisations ont été modifiées. Les phases de reprise ont dû être expliquées en interne et portées à la connaissance des usagers pour que leur retour à l'hôpital, qui se fait progressivement se passe au mieux pour tous.
Pour l'équipe de la com', si l’épidémie est derrière nous, nous allons pouvoir reprendre le cours plus classique de notre communication santé. Pour autant, tout ne reprendra pas comme avant, une grande partie de nos projets concernaient l’organisation d’événements que nous allons devoir soit largement remanier, soit reporter. Et puis, nous restons vigilants, il faudra être à nouveau en mesure de réagir vite si la situation sanitaire l’exigeait. Depuis le déconfinement, le message principal que nous adressons aux usagers, c’est « venez vous faire soigner, ne retardez surtout pas vos prises en charge.