ÉDITO - Urgence
Il y aura beaucoup à retenir et beaucoup à réfléchir après la crise des Gilets jaunes. Pour le monde politique, bien sûr mais, au-delà, pour tous ceux qui interviennent, de près ou de loin, dans le fonctionnement de notre démocratie. Et donc en premier lieu, pour nous journalistes et acteurs du monde de la communication. Dès son déclenchement, cette crise nous a remis en question. Venue de Facebook, elle est passée d’abord bien à l’écart des radars médiatiques. Comment ne pas se rappeler les commémorations de mai 68, il y a six mois à peine où nous expliquions, à longueur de colonnes et d’éditos que non, vraiment, la France était bien loin de pouvoir revivre une telle montée de fièvre. Même si elle n’a rien à voir dans le fond, la crise des Gilets jaune n’a pas grand chose à envier aux événements de mai en terme d’intensité. Et nous n’avons rien vu venir.
Sur son traitement, ensuite, nous avons à nous interroger. Les fausses nouvelles qui se propagent plus vite que les vraies, les leaders auto-proclamés qui envahissent les plateaux, les directs interminables et vides de sens qui prennent toute la place… La crise des Gilets jaune est une crise de la déconnexion. Déconnexion entre une large partie de la population et les représentants politiques, mais aussi l’univers médiatique, jeté dans le même sac. Retrouver du sens, de la proximité, réinventer nos formats et réaffirmer nos exigences, ce moment violent de notre histoire nous en a rappelle l’urgence absolue.