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2ème apéro-réseau blésois : dans la bulle de Fabrice Meddour

Publié par Anne-Sophie Perraudin le 09/12/2019

Lauréat du prix La Nouvelle République de la 36ème édition du festival bd BOUM, l’auteur de bande-dessinée Fabrice Meddour était aussi l’invité d’honneur de l’apéro-réseau organisé par la section loir-et-chérienne du club le 21 novembre dernier, à la veille de l’événement. Rencontre.

Par Cyrille Auchapt

La voix chaude et généreuse de Fabrice Meddour résonne déjà en plaisanteries fines et autres anecdotes sur le monde de la bd quand il devance les premières questions de l’interview. En toute convivialité, il catalyse l’attention d’une assistance variée autour d’une table bien garnie.

Le Club de la Presse Centre-Val de Loire : Quel était ton rapport à la bd dans les années 80 ?

FM : À l’époque, je n’étais pas branché bd. J’en ai fait une petite au collège, mais je ne comptais pas persévérer. Après mon service militaire, j’ai lu La Quête de l’Oiseau du Temps de Régis Loisel et Serge Le Tendre. Cela m’a fortement inspiré et j’ai envoyé un dossier chez Vent d’Ouest car Régis venait de sortir son Peter Pan et je voulais bosser dans la même maison d’édition que lui.

CPVL : Quels étaient les travaux précédant ton entrée dans le monde de l’édition bd ?

FM : J’ai fait du dessin animé pendant un an. De la série animée en 24/24, le format standard. Je m’occupais de la composition de l’image et des décors. Je travaillais sur Les Animaux du Bois de Quat’sous. Parallèlement, je préparais mon premier bouquin pour lequel j’ai eu la chance de signer super vite. J’ai envoyé un courrier chez Vent d’Ouest, une semaine après j’avais une réponse et un mois plus tard, le contrat était signé. C’était pour le tome 1 d’Hispañola.

CPVL : Tu n’as pas complètement quitté le monde de l’animation. Qu’en est-il de ta collaboration avec Luc Besson pour Arthur et les Minimoys ?

FM : Besson a fait un appel d’offre que j'ai remporté. Nous nous sommes rencontrés dans un hôtel de luxe sur les Champs-Élysées. Je n’étais pas fier mais les mecs m’ont mis franchement à l’aise. Ils ont tout fait pour me permettre de bosser dans de bonnes conditions. Le suivi était génial. Il fallait se plaquer sur l’écriture d’Arthur et les Minimoys, mais Besson demandait vraiment aux gens de dessiner avec leur style propre. Ne pas faire du Garcia, le créateur des personnages. D’ailleurs, les confrontations d’univers déjà créés avec les styles des dessinateurs qui reprennent la main, c’est vraiment intéressant. Le Lucky-Luke de Bouzard est terrible, comme le Blueberry de Blain.

CPVL : Qu’est-ce qui t’a donné la force et l’inspiration de te mettre à la bd dans le Berry ?

FM : Il y avait une option arts plastiques au lycée et l’école municipale des Beaux-Arts dirigée par Pierre Duplessis, un prof un peu ferme qui nous emmenait vers le dessin d’observation. La machine s’est vraiment lancée quand j’étais aux Beaux-Arts d’Orléans. J’avais un prof qui nous demandait un dessin par jour. Sept dessins pour la fin de semaine. Moi, j’arrivais avec 250 dessins. Il me prenait pour un taré.

CPVL : Quelles étaient tes influences à l’époque ?

FM : Je lisais des comics américains : L’Inattendu, Spectral, Etrange aventure, John Buscema, les grands maîtres… Je croquais dedans. Puis j’ai acheté ma première bd franco-belge, Le Chien Debout de Benoit Sokal. Je suis tombé fou de cette bd avec Canardo qui apparaît en anti-héros parfait. À cette époque, j’étais incapable de dessiner un corps féminin ; maintenant, je suis prof d’anatomie. Pendant plusieurs mois, je n’ai dessiné que des femmes. Découverte de l’anatomie comparée, de l’architecture et de la musculature, le comment, le pourquoi, un bouleau d’artisan.

CPVL : Tu arrives maintenant à vivre de ton art mais tu restes militant et pédagogue en donnant des cours à la Maison de la bd. Comment organises-tu tes cursus ?

FM : Je suis prof d’anatomie à l'ETIC, une école d’art appliqué de Blois, ainsi qu’aux Beaux-Arts de Châteauroux. Pierre Duplessis m’a mis le pied à l’étrier quand j’avais 22 ans. Les élèves avaient mon âge et j’avoue que les premiers cours étaient catastrophiques, mais mon métier d’enseignant s’est catalysé après avoir dû faire une démonstration sur un Michel-Ange qui a justifié ma position de prof aux yeux des élèves. L’enseignement, c’est riche : se rendre utile, apprendre des autres, de leur force et de leur énergie... C’est usant, mais ça vaut le coup.

CPVL : Dans tes productions, quel est l’album pour lequel tu as le plus de fierté, celui qui t’a sorti les tripes ?

FM : C’est Blanche-Neige. Je ne voulais pas en sortir, j’étais bien à le faire, à l’aise, j’avais des choses à exprimer.

CPVL : Une petite info sur ton actualité éditoriale ?

FM : En juin dernier, j’ai sorti Après l’Enfer chez Grand-Angle. Un diptyque avec Damien Marie au scénar qui prend place à la fin de la guerre de sécession dans le Bayou en Caroline du sud, à l’époque de la signature des accords de Lincoln. On est dans les marais avec des rebelles, des militaires, des propriétaires de plantations… Le premier tome s’appelle Le Jardin d’Alice.

L’apéro-réseau a pris une allure de franche rigolade quand, à la fin de l’interview, les étudiants de Fabrice Meddour arrivèrent costumés en super-héros… comme pour illustrer en toute humanité les liens qu’il a su créer et maintenir avec les jeunes artisans de l’avenir de son art.

Crédit Photos : A-S. Perraudin Imprimer